Allons tous voter à la primaire du centre et de la droite
Note: vu les réactions, ce n'est pas clair: cet article ne parle pas de vote utile. Il ne parle pas du premier tour 2017. Il parle de se laisser un plan B acceptable pour la cohabitation entre Français, pour la démocratie, pour le climat si le premier tour ne tourne pas comme "on" le voudrait. Il viendra un tant on une action pour le premier tour sera importante, ce n'est pas encore le moment.
Des bulles de confort, silos aveuglants
Nous vivons aujourd’hui dans de petites bulles d’informations
aseptisées, des silos bien compartimentés dans lesquels seules nos
idées, ou des idées prochent de nos idées, ont droit de cité. Ce
phénomène n’est pas nouveau, c’est même l’un des biais cognitifs le
plus connus:
le biais de confirmation.
Il est aujourd’hui décuplé par la technologie qui filtre chaque jour un
nombre grandissant de nos interactions sociales. Les algorithmes
trouvent nos amis, nous posons un bâillon “silent” sur les trolls, ces
individus qui ne sont pas d’accord avec nous, et qui nous sortent de
notre zone de confort. Notre confort. Ce confort si agréable. Si
confortable.
Et nous créons ainsi nos propres prisons d’idées, des silos en forme de chambre d’écho.
Cet article décrit en détail le phénomène.
Le résultat est que nous ne voyons pas les autres silos qui ne
pensent pas comme nous. Nous ne savons pas, nous ne voulont pas savoir,
nous ne pouvons plus savoir qu’ils existent, ni leur taille, ni leur
portée.
Et nous passons notre temps à optimiser les choix globaux de société
auxquels nous sommes confrontés pour notre silo, pour l’idéal qu’il
incarne en triant tous ceux qui n’y correspondent pas. Ce silo qui est
notre monde.
Lorsque nous sommes face à un choix imposé par un plus gros silo que le
nôtre, ou qui correspond à l’optimum local d’un plus grand nombre de
silo que nous, nous sommes estomaqués.
“Comment”, s’exclame-t-on dans le silo PC de 2012, “mais je ne connais PERSONNE qui vote Le Pen - comment peut-il être au second tour?”.
La France n’est pas mieux que l’Angleterre et les USA
L’élection de Trump, le “oui” au Brexit, le choix pour la
primaire EELV dans une moindre mesure, nous rappelle que les résultats
se fichent pas mal de ce qui fait foi dans le silo que vous fréquentez.
Et cela, même s’il est aussi la chambre d’écho des médias que vous
écoutez - vous les avez filtrés, évidemment. Or les Français ne sont pas plus immunisés au phénomène que ne le
sont les Américains, les Anglais, les partisans de Cécile Duflot.
Dans mon silo, en 2017…
Pour 2017, je crois que j’aimerais avoir Bernie Sanders président des
USA, une Europe fédérale, et peut-être Montesquieu président de la
République Démocratique de France. Ou garde des Sceaux.
En tout cas, mon candidat idéal est porteur d’une idéologie politique
sans intégrisme. Il propose un framework de grandes idées, de direction
à suivre pour atteindre des buts (une stratégie) qu’il peut décliner en
tactiques idoines pour traiter des problématiques inattendues ou
spécifiques, en fonction des besoins. Il suit un cap lisible, qu’il est
capable d’expliquer et de transmettre, dont découle naturellement les
choix de réponse aux problématiques concrètes et complexes de notre
monde. Il est capable de me parler comme à un adulte, en présentant les
compromis et les alternatives, les raisons d’un choix éclairé. Et même
si je ne suis pas d’accord dans tous les détails, je comprends et
j’adhère à la vision globale, et à l’exécution générale. Je crains que tous ne soient pas possibles, peut-être certains n’étant que le fruit d’optimum local à mes silos fréquentés.
Tout pour préserver la civilisation
En imaginant que Montesquieu ne soit pas libre en mai prochain, ou ne passe pas le premier tour, je pense qu’il
faut tout faire pour empêcher l’arrivée au pouvoir d’un homme (ou d’une
femme) politique à même de libérer, crédibiliser et valider les plus
bas instincts égoïstes de l’humain, racisme et haine en tête
(mais toute destruction ou appropriation du Bien Publique pas loin
derrière). Les exemples du Brexit et de Trump sont des mises en garde
poignante qui rappelle que la civilisation ne tient que par le bon
vouloir de milliers de gens. Dites-nous qu’il est normal d’insulter son
prochain, et le chaos suit. La stratégie de l’échec, qui vise à démontrer le problème en poussant à l’erreur, ne fonctionne pas
sur une échelle de temps raisonnable lorsqu’une moitié de la population
est persuadée que ce n’est pas un échec ! Et le risque de catastrophe
irrémédiable pour une ou plusieurs générations est trop grand pour
valoir la joie du “je vous l’avais bien dit.”
Bref.
Posez-vous la question suivante: votre candidat idéal est Y. Jadot,
EELV. Gentil, humain, contre le réchauffement climatique, tout ça. Pas
de bol, il échoue à 22 points du second tour. Vous préférez avoir à
choisir entre Marine Le Pen et Sarkozy, ou plutôt entre Marine Le Pen et
Juppé ? Entre Fillon et Valls, ou plutôt Fillon (je rappelle qu’il
trouve que la Convention Européenne des Droits de L’Homme est une
contrainte dont on doit sortir) et Macron ? Entre Le Maire et Copé, ou
entre Le Maire et NKM?
OK, on est d’accord, vous préféreriez voir Jadot gagner. Mais dans l’hypothèse où ça n’arriverait pas… Qui serait le moins pire
(oui oui, je suis père de jeunes enfants) ?
Instinctivement, je suis sûr que vous avez des choix qui semblaient plus
faciles. Moins de chance que NKM explose le climat et revienne sur
l’ensemble des propositions de la COP 21 que Copé. Ou que l’élection de
Juppé fasse que l’ensemble des groupuscules néonazi se sentent les
coudées franches et aillent casser de l’immigrant.
Pas de plan B pour le second tour n’est pas une option
Il est donc primordial d’essayer de prévoir un plan B, au cas où
Montesquieu ou Jadot n’arriveraient pas à devenir présidents. Ce plan B
se prépare dès aujourd’hui en sélectionnant des candidats plus
acceptables que le dernier extrémiste venu. Pour ça, la droite, et
peut-être la gauche (ou pas. Ou peut-être. Ou on verra. C’est compliqué)
nous donne la possibilité de sélectionner son candidat. Et c’est
important. Surtout si vous n’êtes pas habituellement de droite. Si vous
avez lu jusque là, c’est que vous êtes pour l’alternance
Hollande-quelqu’un-d’autre, que vous êtes pour la république, et vous
êtes sûrement pour le redressement de la France. Qui ne voudrait pas
d’une France bien droite, n’est-ce pas? Bref, vous êtes qualifiés pour
aller voter à la primaire du centre et de la droite.
Voter ? Mais pour qui ? Mon framework de décision
Aujourd’hui, mon candidat idéal n’a pas l’air de pointer le bout de
son nez. Aussi, je me limite pour l’instant à trois simples critères
dont le but est simple:
- préserver la civilisation,
- préserver la possibilité de la République Démocratique,
- préserver la possibilité d’un futur pour les générations à venir.
[1] Contre l’incitation à la haine entre groupes démographiques
La civilisation ne tient qu’à un fil, et la moindre exploitation de
la peur, de la colère ou de la haine d’un groupe démographique contre un
autre risque de faire boule neige (mode avalanche). Le Brexit,
l’élection de Trump en sont de tristes exemples.
Évidemment, tout candidat à tendances racistes (ou qui banalise ce
phénomène) est éliminé. Mais c’est aussi valable pour l’incitation à la
haine envers tout groupe démographique arbitrairement défini. Les
jeunes. Les lesbiennes. Les ruraux. Les élites. Les riches. Les
immigrants.
Par exemple, lorsque Macron propose un contrat “jeunes”, il perd des
points ici: il stigmatise un groupe démographique contre d’autres,
incitant à la colère et la haine là où nous avons besoin de coopération
et de solidarité.
De civilisation.
[2] Pour la séparation des pouvoirs, contre l’autoritarisme et le “surveillance capitalism”
Ce trait est primordial, car il est le garant de la possibilité
d’avoir une élection suivante. Ou une République d’après, sans passer
par la case dictature-révolution-coupons-quelques-têtes.
Le gouvernent de Hollande et Valls restera sûrement dans l’histoire
comme le gouvernement qui a le plus préparé à des dérives autoritaires:
état d’urgence perpétuel, fichiers en tout genre, lois sécuritaires,
légalisation de l’espionnage de masse…
Ajoutez à tout ceci l’avènement du
“surveillance capitalism”, et nous sommes en train de donner tous les outils au prochain dictateur en herbe pour exercer ses ambitions efficacement.
Il est de notre devoir d’infléchir cette tendance.
Tout candidat qui semble vouloir réduire la séparation stricte des
trois pouvoirs de gestion de la nation, ou qui amenuise, voir ridiculise
les plus hauts organes juridiques garants de l’état de droit (comme
cela se voit en Angleterre en ce moment), est dangereux pour la liberté
et la démocratie.
[3] Pour la préservation de notre écosystème, la Terre
Enfin, tout ceci n’a pas le moindre sens si demain, nous n’avons plus
de Terre. Le climat est évidemment le principal élément du sujet, mais
de façon plus générale, la Terre est un Bien Commun dont nous oublions
trop facilement le prix titanesque. Et aujourd’hui, nous courons à la
catastrophe. Sans action violente, rapide, concertée de nations très
décidées - et il va falloir l’être pour les USA, nos enfants n’auront
pas à se préoccuper de savoir si leur système politique est bien.
La primaire du centre et de la droite
Peuple de France, allez voter dimanche 20 et 27 novembre.
Personnellement, ma lecture au crible de la grille d’évaluation
présentée des différents candidats entraine l’élimination de Sarkozy,
Copé, Fillon, Poisson et Le Maire, en ne comptant que ceux qui ont eu trois smileys tristes (notation mode maternelle: smiley triste - smilley neutre - smiley content).
Reste Juppé et NKM. Comme disent mes
enfants, il y a toujours une solution moins pire que les autres.
Votez ! Faites-vous entendre !